Apports de l’imagerie satellite (Landsat) pour la cartographie spatiale au cours du temps des rejets de l’exploitation minière artisanale de l’or au Niger
Dans les pays Ouest-africains, l’extrême pauvreté et les mauvaises récoltes poussent les populations rurales à se lancer dans l’exploitation minière artisanale pour satisfaire leurs besoins quotidiens. Cette activité, devenue indissociable du développement économique des pays d’Afrique de l’Ouest constitue la plus importante activité rurale non agricole. L’exploitation minière artisanale de l’or occupe une place importante dans l’économie Nigérienne depuis l’avènement de la sécheresse de 1984-1985, date à laquelle le site de Koma Bangou voit le jour dans le Liptako, Niger occidental. Nonobstant ces enjeux économiques incontestables, les activités d’exploitation artisanale de l’or à Koma Bangou ont engendré d’importants dommages pour l’homme et l’environnement. Cette exploitation minière artisanale de l’or débutée depuis 1984 a généré des rejets en tas riches en sulfures, oxydes et hydroxydes de fer et en métaux lourds. Ces résidus miniers sont abandonnés sur des surfaces non végétalisées autour des puits d’extraction, des aires de cyanuration et des habitations. Ils sont le plus souvent dispersés dans l’environnement sous l’effet de l’érosion hydrique et éolienne fréquentes dans la région. Nous avons utilisé l’imagerie Landsat pour cartographier l’évolution spatiale de ces rejets de 1984 à 2020. La méthodologie est basée sur les propriétés spectrales des minéraux argileux et ferreux contenus dans les rejets à partir de plusieurs méthodes d’analyse (Fraction de bruit minimale, Rapport de bandes, Analyse en composante principale). Cette approche spectrale, validée par des campagnes de cartographie des rejets sur le terrain, a permis de cartographier l’extension des zones d’extraction aurifère de 1984 à 2020 et les zones de traitement au cyanure du minerai aurifère de 2009 à 2020. Les surfaces de rejets d’extraction de minerai aurifère ont augmenté de 9,43 ha en 1984 à 234,2 ha en 2020 et les surface de rejets du traitement de minerai au cyanure de 5,59 ha en 2009 (introduction de ce traitement) à 99,53 ha en 2020. Cette approche peu coûteuse, utilisant des données satellites publiques, a pour vocation d’aider les décideurs politiques, les administrateurs des mines, les exploitants miniers à une bonne gestion des rejets issus des exploitations minières artisanales afin de minimiser les risques potentiels de pollution et d’occupation anarchique des terres.

Contacts: Abdoulatif Abass Saley, David Baratoux (IRD GET), Lenka Baratoux (IRD GET).