Comprendre la formation des roches rubanées riches en fer
Jusqu’à présent, les scientifiques considéraient que l’absence de microfossiles et la faible quantité de carbone organique dans les formations ferrifères rubanées, déposées il y a entre 2 et 3 milliards d’années, étaient des arguments pour rejeter l’implication potentielle de l’activité biologique dans la construction de ces formations.
Mais une équipe internationale et pluridisciplinaire coordonnée par Jérémie Aubineau chercheur CNRS du laboratoire Géosciences Environnement Toulouse (Université de Toulouse) propose modèle mécanistique qui explique la contribution potentielle des microorganismes utilisant le fer comme source d’énergie à la formation des roches ferrifères rubanées de la Terre primitive.

L’étude, présentée dans la revue Communications Earth & Environment, décrit les étapes successives de ce modèle grâce à l’analyse de colonies microbiennes issues d’un milieu naturel peu commun. En effet, ces structures microbiennes qui continuent de se développer de nos jours proviennent du champ hydrothermal de Lucky Strike situé au niveau de la dorsale médio-atlantique à 1700 m de profondeur, là où des quantités importantes de fer réduit sont apportées à l’océan. L’observation de ces échantillons suggère une forte interaction entre les microorganismes oxydant le fer et leur environnement. Lorsque les conditions sont réunies, ces microbes conduisent à la précipitation de filaments riches en fer oxydé puis ces filaments disparaissent en se transforment en des minéraux stables au cours du temps sans lien avec l’activité biologique. Enfin, au fur et à mesure que les colonies microbiennes vieillissent d’autres minéraux riches en fer réduit se forment sous l’effet de l’activité biologique. Combinés, ces processus forment des laminations riches en fer oxydé et réduit et dépourvues de carbone organique qui rappellent certaines structures des formations ferrifères rubanées du Précambrien.
Contact GET: Jérémie Aubineau, Christine Destrigneville, Valérie Chavagnac