Zone-art: la première résidence arts sciences du Réseau des Zones Ateliers

« L’article universitaire n’est pas le seul format d’écriture pour faire de la théorie. On peut faire de la théorie avec une caméra, un pinceau, une partition, etc.  (…) une théorie ne se réduit pas à une série d’énoncés linguistiques, elle est une construction, un mode de perception » (Leibovicit Pihet 2011)

L’initiative de cette première résidence scientifiques-artistes est née d’une réflexion collective sur les méthodes de dialogue « sciences-sociétés » dans un atelier du groupe 3 « Transdisciplinarité » du réseau des zones ateliers du CNRS. Le constat de départ était la difficulté des scientifiques, malgré la robustesse des connaissances produites, à toucher la société.

Cette résidence, qui s’est tenue au Hub Créativité de l’école des Mines Alès les 11 et 12 décembre 2023, a constitué un premier pas vers une remise en question des pratiques de recherche sur les socio-écosystèmes, pour un déploiement plus large des démarches de recherche-création, entre et au sein des Zones Ateliers. L’enjeu de départ était de sortir des méthodes classiques, pour « faire différemment », pour imaginer de nouvelles manières de « toucher » la société face aux enjeux écologiques actuels.

La résidence a eu une forte dimension pédagogique afin d’interroger les allants-de-soi et les visions de chaque discipline, en favorisant le faire et le raconter au travers d’expériences et d’échanges. Le format de résidence, où 23 participant.es, artistes et/ou scientifiques, étaient immergés dans un même lieu et ensemble, a été propice à l’interconnaissance et au co-apprentissage entre artistes et scientifiques autour des socio-écosystèmes.

Artistes et scientifiques ont ainsi compris que leurs différences de statuts influencent leur niveau d’engagement dans la construction de projets communs. Pour autant la diversité n’est pas seulement entre artistes et scientifiques, parce qu’il y aussi de multiples manières d’être scientifique, d’être artiste, mais aussi simplement d’être humain. Des a priori ont ainsi été déconstruits – « mon travail d’artiste, c’est pour moi de la recherche » – de sorte à comprendre que beaucoup de choses finalement nous relient, notamment la volonté et la capacité d’être créatifs, l’envie de ré-enchanter le monde, de  faire ensemble pour faire notre part, et ainsi contribuer au bien commun. Nous sommes ainsi tombés d’accord sur l’importance et la place du sensible pour avoir un meilleur impact social mais aussi la nécessité d’un chemin plus personnel de reconnexion à soi pour faire une science plus en conscience. La recherche-création est un chemin et non pas un but en soi, un chemin où il convient de marcher ensemble, en foulant les mêmes terrains et en rencontrant ensemble les habitants et les dirigeants. Ces deux jours ont finalement été une bouffée d’oxygène, une forme de slow science sur les méthodes aux interfaces sciences-arts et sociétés, pour s’inscrire dans une logique de transformation des dynamiques mettant en danger l’habitabilité planétaire.

L’équipe organisatrice:

Sylvia Becerra, chargée de recherche au CNRS, sociologue au laboratoire Géosciences environnement Toulouse (Observatoire Midi-Pyrénées), membre de la ZATU et du GT3 du Réseau des zones ateliers « transdisciplinarité ». Également photo-reportrice dans une vie antérieure !

Juliette Cerceau, maître de conférences à IMT Mines Alès, membre de la ZABR et du GT3 du Réseau des Zones Ateliers « Transdisciplinarité », chercheuse sur les interfaces entre humains et écosystèmes, entre savoirs locaux et expertises scientifiques, entre SHS et SVT, entre…

Juliette Mariel, post-doctorante au sein de l’UMR SENS (Cirad) et co-porteuse d’un projet de recherche-création de films sur le rôle des savoirs sensibles dans la gestion paysanne des plantes cultivées à Madagascar ; présidente de l’association Non-Conference qui organise des évènements à l’interface science-société sur les relations arts-sciences dans un contexte d’urgences socio-écologiques ; illustratrice.

Charlotte Mariel, enseignante PRAG en arts plastiques à l’Université Paris-Est Créteil ; doctorante en arts numériques au Lisaa (Littérature, Savoirs et Arts, Université Gustave Eiffel, Cité Descartes) ; membre de l’association Non-Conference et organisatrice d’évènements arts-sciences.

Isabelle Elizéon, chercheuse indépendante en art-science, recherche-création et transdisciplinarité. Dramaturge et artiste visuelle. Membre de la ZABrI – ZA Brest Iroise, du CIRET et du réseau art-science TRAS.Elle coordonne/anime la plateforme TranSborder.

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