Prix OZCAR 2022: bravo à Paty Nakhle!
Le prix OZCAR 2002 a été attribué à Paty Nakhle, pour ses travaux sur la zone critique dans le bassin du Mékong.

Dans le bassin du Mékong, plus de 70 millions de personnes dépendent des eaux de surface pour leurs besoins domestiques. Les eaux de surface sont souvent contaminées par des matières fécales et pourtant peu d’informations existent sur les dynamiques et mécanismes de la contamination fécale dans des conditions tropicales à l’échelle des grands bassins versants.
Notre étude vise à étudier la saisonnalité de la contamination fécale à l’échelle des grands bassins versants en utilisant Escherichia coli comme bactérie indicatrice fécale (FIB), ainsi qu’à identifier l’importance relative des facteurs (hydrologie et usage des terres) contrôlant les concentrations d’E. coli pendant les saisons sèches et humide.
Nous présentons les résultats de (1) deux campagnes d’échantillonnage à la sortie de 19 affluents du Mékong du nord au sud du Laos, pendant la saison sèche et la saison humide en 2016, et (2) un échantillonnage au pas de temps de 10 jours en 2017 et 2018 à l’exutoire de trois rivières (Nam Ou, Nam Suang et Mékong) au nord du Laos. Cet ensemble de données a été collecté grâce au soutien de l’observatoire des zones critiques Multiscale TROPIcal CatchmentS (SNO M-TROPICS; https://mtropics.obs-mip.fr/), et est en libre accès (Boithias et al., 2022).
Cette étude apporte de nouvelles preuves de la présence continue d’E. coli dans les cours d’eau régulièrement surveillés et dans la majorité des affluents échantillonnés pendant la saison humide. Nos résultats montrent une saisonnalité forte des concentrations en E. coli fortement corrélées aux concentrations de matières en suspension totales (TSS). Ces résultats suggèrent que TSS joue un rôle primordial de vecteur du transport bactérien, et que certains usages des terres favorisent l’érosion du sol, et donc la dissémination d’E. coli. Une meilleure évaluation de la qualité de l’eau du Mékong et de ses affluents semble indispensable afin de réduire les risques sur la santé publique. En outre, compte tenu de la croissance rapide des barrages hydroélectriques dans le bassin du Mékong, il sera nécessaire d’étudier leur impact sur l’hydrologie, et les flux de sédiments et de bactéries à l’échelle des bassins versants.