Exposition au plomb en Amazonie française

Les niveaux de plombémie importants mesurés dans le sang de certains habitants de Guyane française, en particulier les populations Amérindiennes vivant le long du fleuve Oyapock, ont conduit l’ARS (Agence Régionale de Santé) à engager des études visant à identifier les sources du plomb dans les différentes voies d’exposition de ces personnes de manière à prendre des mesures permettant de réduire cette exposition. L’exposition au plomb est particulièrement préoccupante car elle peut affecter le développement cognitif et comportemental en particulier chez les enfants en bas âge.
Le couplage des analyses de plomb (Pb) total avec celles des fractionnements isotopiques de cet élément dans les sols, les aliments (manioc, gibier, boissons locales) et les plombs de chasse, ont permis, en les comparant aux signatures mesurées dans le sang des enfants étudiés, de tracer les sources de ce métal toxique. Les résultats obtenus mettent en évidence l’importance de la consommation quotidienne de manioc comme celle de l’usage et la manipulation de plomb dans les niveaux de plombémie mesurés dans les populations locales du Haut Oyapock.
Il s’agit là d’une préoccupation sanitaire supplémentaire, puisque des études antérieures, menées également par notre équipe (ANR RIMNES), ont montré que ces mêmes villageois présentent des niveaux élevés de mercure (Hg). Ces communautés sont en effet soumises à une double exposition aux métaux neurotoxiques, Hg et Pb, par leur alimentation et leurs habitudes culturelles. L’activité agricole principale est basée sur la culture du manioc, et expliquer que cette pratique ancestrale peut induire de graves risques sanitaires pour le développement de l’enfant peut rompre l’équilibre alimentaire et la cohésion culturelle de ces communautés.
Maurice L. et al., 2021. Childhood lead exposure of Amerindian communities in French Guiana: an isotopic approach to tracing sources. Environmental Geochemistry and Health, 1-17. https://doi.org/10.1007/s10653-021-00944-9
Laurence Maurice (laurence.maurice@ird.fr) ; Fiorella Barraza ; Eva Schreck